top of page
Histoire(s) de France

Le carnet de bord des pouceurs du Tour de France

 

Cauberotte - Verdun

Verdun - Fontaine-Guérin

Fontaine-Guérin - Plouarzel

Plouarzel - Kervignac

Kervignac - Ruoms

 

Le grand départ

Cauberotte

Notre périple commence à Cauberotte, où Stop & Go organise le tout premier festival d’autostop étudiant français, Hit the Road. Des étudiants de toute la France nous ont rejoint à pouce pour ce festival alternatif dans lequel on a mis toute notre énergie et notre enthousiasme. Nos efforts de veilleurs, peintres, électriciens et autres agrafeurs et cuisiniers sont mis à contribution et rétribués au-delà de nos espérances: Hit the Road est un succès qu’artistes comme festivaliers et bénévoles garderont en souvenir comme une expérience d’échange hors du commun.

 

 

Cloé

Cauberotte - Albi

 

Premier jour du tour de France ! Maël mon super binôme à bouclettes et moi tendons le pouce depuis la ferme de Cauberotte. Tous les conducteurs gentils ont dû s’arrêter pour nos amis parce qu’on n’est pas très chanceux au départ. On finit par décoller grâce à une famille jusqu’à Condom (ville assez morne, peut-être à cause d’un excès de jeux de mots) et de là grâce à une voiture conduite par un ancien détenu et deux autres personnages sympathiques mais qui sentent un peu trop la bière pour nous. On est serrés à l’arrière entre nos épées (eh oui), la bière du passager, et nos sacs, la conversation est assez étrange, mais il y a de la musique à fond et on est sur les routes… C’est parti pour Auch !

C’est à Toulouse, après un peu d’attente et un pique-nique en bord de route, qu’on se fait prendre en stop par Etienne. Il habite Albi et a été à Toulouse passer un entretien d’embauche dans un bar, pour être barman. Etienne nous fait passer par les départementales, on découvre donc la région du Tarn et ses jolis villages. Il a la vingtaine, on s’entend bien avec lui. On s’arrête boire une bière à l’Isle sur Tarn, joli village tout de maisons à colombages. Une fois à Albi, il nous propose de dormir chez lui… On trouve la ville et la cathédrale super jolies, et comme on ne sait pas quand on pourra dormir sur un matelas la prochaine fois, on accepte !

Etienne travaille dans un resto jusqu’à une heure du mat’ donc en l’attendant on profite des berges du Tarn où on s’endort à moitié. Ce Tour de France commence bien… On se demande si nous aussi, à l’âge d’Etienne, on aurait invité deux inconnus à dormir chez nous. On espère que oui, et on se dit qu’on a de la chance de l’avoir rencontré !

 

 

Charles

Cauberotte - Montluçon

 

La nuit tombe dans un coin perdu de la campagne creusoise. Des collines vertes et douces,

beaucoup de vaches et peu d’hommes, quelques éleveurs et quelques retraités. Nous scrutons les abords de la petite départementale avec Laëtitia, prêts à planter la tente pour la nuit. Alors que nous traversons un bourg déjà endormi, nous croisons une voiture, une vielle Peugeot je crois. A

l’intérieur, un jeune à bun, détendu, et même un peu à l’ouest. !

-Salut les jeunes ! Vous faites quoi dehors à cette heure? Je peux vous emmener quelque part ?

Méfiance des autostoppeurs à la nuit tombante. Le type va dans le chemin inverse et, à la réflexion, a l’air vraiment, vraiment trop détendu.

- On cherche un coin pour planter la tente pour la nuit. On va se débrouiller (rire forcé) !

- Vous êtes sûrs? Parce que je vais chez une copine faire une soirée posée, genre jeux de

société. Elle pourrait vous héberger, elle est cool…Mais c’est comme vous voulez, c’est pour que vous ayez un toit pour la nuit quoi !

L’instant est critique, on tente de flairer, de cerner. Je jette un coup d’oeil tendu à Laetitia. Qu’en pense-t-elle ? La même chose que moi, elle a bien envie de dire oui, oui à une soirée et à un matelas; mais ni elle ni moi ne sommes habitués à accorder notre confiance si directement, à nous jeter si complètement dans la rencontre inconnue. Après quelques hésitations plus ou moins bien dissimulées - notre chauffeur les remarque sans doute mais, bienveillant, ne s’en offusque pas nous montons finalement à bord de la Peugeot ! Bien nous en prend. Nous passons une soirée formidable chez des gens qui, sans nous connaître et sans nous juger, nous ouvrent leur porte avec une hospitalité déconcertante. Nos hôtes ont un gros chien très relax et un bébé de 15 mois adepte du parkour. La soirée s’écoule autour de divers jeux de société avec nos hôtes, notre conducteur providentiel et un autre invité de passage rencontré au détour de la route. Il porte une canne à pêche sur son vieux sac à dos et se fait appeler Tonton, juste Tonton. La simplicité de l’accueil de ces gens et leur confiance spontanée tranchent si nettement avec ce que nous promettent habituellement les médias et les regards de la plupart des usagers du métro parisien… Cette rencontre me marque, pour un bon moment je pense !

 

 

Zoé

Ste Enimie à Andrézieux

 

Sur la route des gorges du Tarn depuis quelques jours, il était temps de quitter la D907 pour entamer notre remontée vers le nord, puisque nous avions rendez-vous à Verdun 48 heures plus tard. C’est un couple d’allemands, marionnettistes de métier et fans de canoé qui nous a permis de bien commencer la journée en nous emmenant jusqu’au marché de Florac, où nous avons pu goûter des fraises locales et du saucisson à la châtaigne. Après une petite pause pour visiter le village, nous sommes repartis direction Le Puy en Velay. Nous n’avions pas prévu de nous y arrêter mais Louisa et Léo, nos conducteurs depuis Mende, tous les deux étudiants, nous ont convaincu que ça valait le coup. Nous avons suivi leurs conseils et nous n’avons pas regretté : la vieille ville avec ses rues pavées et sa majestueuse cathédrale est vraiment charmante. On a laissé nos sacs à l’office du tourisme puis on s’est tranquillement baladés pendant une heure. Après avoir pris une glace sur la place centrale pour finir l’après-midi en beauté, nous nous sommes remis à stopper. Après quelques voitures, nous avons atterri dans le véhicule de Khani, un jeune carreleur qui venait de finir sa journée de travail à Saint Etienne. Comme il était presque 20 heures et que nous ne savions pas encore où nous allions dormir, il nous a proposé de loger chez lui. Nous avons donc débarqué dans son appartement, au 10ème étage d’une tour à Andrézieux, où l’attendaient sa femme Hassna et ses cinq enfants, âgés de 6 mois à 6 ans. C’était vraiment incroyable qu’ils nous accueillent avec autant de facilité alors qu’ils avaient déjà cinq bambins à gérer. Ils nous ont libéré une chambre et nous ont offert à diner. Aleksi est devenu la star des enfants grâce à ses sculptures en ballons et moi j’ai discuté avec Hassna. C’était la première fois que j’étais accueillie chez l’habitant et j’avoue que c’est assez surréaliste: on ne connait pas les gens une heure avant et tout d’un coup on est dans leur salon à papoter, comme s’il n’y avait rien de plus normal.

 

 

Jeanne

Rodez

 

Nous nous sommes réveillés à Rodez, au bord de l’Aveyron. On était motivés pour reprendre la route et ça tombait bien parce qu’on avait encore presque 900 kilomètres à faire avant d’arriver à Verdun. Pourtant c’était difficile ce jour là. Déposés en plein milieu d’une nationale, on a fini par atterrir à Séverac-le-Château qui était bien évidemment quasi désert ! On a été forcés de marcher deux bornes en plein soleil pour arriver au plus gros rond point du secteur. Il y avait du passage, mais personne pour nous prendre alors qu’on était de cuire sur place. On a tout essayé : se placer différemment pour rendre la configuration du trinôme moins intimidante, varier les panneaux (« Clermont-Ferrand », « A75 », « On est mignons… », « …et fatigués »)… Au bout d’une heure et demie, quand on commençait sérieusement à en avoir marre, notre sauveur est arrivé à bord d’un camion. C’était la première fois que je montais dans un camion, j’étais comme une gosse ! Il n’y avait pas de meilleur point de vue pour traverser le Massif Central… Notre routier était assez réservé, mais, je crois, désireux de nous aider et d’avoir un peu de compagnie. Pas très expressif ni très causant, on devinait une personne véritablement bienveillante. Ils nous a fait faire 500 kilomètres alors qu’il lui était interdit de prendre avec lui plus d’une personne, il nous laissait dormir sur sa banquette et veillait sur nous, et après s’être arrêté dans une zone agricole pour la nuit il nous a repris avec lui dès 7h00 le lendemain pour nous amener jusqu’à son point de chute, Auxerre. Il était un peu triste notre routier avec son attelle et ses chaussons aux pieds, nostalgique de n’avoir ni femme ni enfant, sa solitude était touchante. On était encore plus heureux de lui apporter un peu de distraction, et lui semblait content de nous expliquer son métier et le fonctionnement de son camion. Un routier qui boit du Candy up au chocolat, ça c’est sûr, on ne l’oublie pas.

 

 

Etape 1

Verdun

Notre premier port d’arrivée est Verdun, ville lorraine chargée d’histoire. Ce n’est pourtant pas la Première Guerre Mondiale qui marquera notre séjour. Là-bas, le collège Saint-Jean nous accueille à l’occasion de son festival médiéval : nous nous produisons dans une mer de chevaliers et autres troubadours. L’équipe du “Tour de France en calèche-stop” attire les collégiens, en proposant combat d’épées, macramé-diéval et performances d’arts du feu.

 

 

Cloé

Verdun-Chenonceau

 

Après notre super bénévolat à la fête médiévale du collège Saint Jean de Verdun, on repart sur les routes… Direction la Loire !

Aleksi et moi attendons un peu à la sortie de Verdun. On est sauvés par un monsieur qui a des fleurs plein la voiture, parce que c’est la fête des mères (merci du rappel !).  On se retrouve enfin au péage, où Charles et Zoé sont aussi, ce qui est en général mauvais signe (pas qu’il y ait Charles et Zoé, mais qu’ils attendent depuis longtemps).

Aucun conducteur n’a l’air conquis par notre grand sourire et notre bouquet de fleurs, lorsqu’au bout d’une bonne heure un conducteur de camionnette au début hésitant est convaincu par nos mines désespérées et la promesse qu’il nous déposera juste à la prochaine aire. Je me glisse à l’avant entre lui et son fils, pendant qu’Aleksi monte à l’arrière (il roupillera tranquillement tout le trajet).

Eric, le père, est agriculteur. Alors que je l’interroge sur son métier, au début simplement pour faire la conversation, notre discussion prend vite un tour plus profond. Il évoque les changements dans le monde agricole ses dernières années, la mécanisation, la nécessité de traiter aux pesticides de plus en plus, la difficulté de passer au bio… C’est super intéressant pour moi qui m’y intéresse sans vraiment m’y connaître, et je sens que ça lui tient à cœur d’en parler. Le métier d’agriculteur est passé de familial, à solitaire. Sans vraiment s’en rendre compte, on aborde plein d’autres sujets, plus personnels, et au lieu de la prochaine aire après Verdun, c’est à Orléans qu’on arrive après quatre heures de discussion sans aucun silence. C’est fou ce lien qui se crée en voiture.

A la station-service de Blois, on rencontre d’abord des médecins de retour de mission humanitaire à Madagascar. Les pauvres sont en manque complet de saucisson et louchent vers le nôtre. On leur en offre (pour une fois que c’est nous qui offrons, on est tout contents). Pour nous remercier les médecins diagnostiquent à Aleksi un grave problème de sécheresse des lèvres courant chez les enfants malgaches, et l’encouragent à boire de l’eau urgemment pour se soigner.

Puis c’est un jeune couple qui nous emmène jusqu’à Chenonceau. Lorsqu’ils apprennent qu’on ne connaît pas le coin, ils nous invitent à déposer nos sacs chez eux puis nous offrent un pique-nique (bienvenu, parce qu’on oublie tout le temps de manger). On part se balader au bord du Cher jusqu’au château de Chenonceau. Sans les sacs, en balade dans la région de la Loire alors qu’on était ce matin à Verdun, après de belles rencontres, la vie est belle !

On retrouve presque par hasard quatre autres binômes et campons dans un camping municipal fermé… du presque camping-sauvage.

 

Chenonceau-Rochecorbon

 

On est passés du Cher à la Loire ce matin ! Un peu de stop, puis visite du château d’Amboise et une sieste au soleil cachés sur la pelouse – le gazon des châteaux est incomparable... On a le temps et c’est tellement agréable.

On reprend le stop à 17 heures et à peine le pouce levé, c’est Francis qui s’arrête et nous enjoint de monter dans sa voiture. On lui raconte notre projet, on est contents, et il nous invite à dormir chez lui. On n’a pas vraiment d’objectif ce soir, Francis a l’air super chouette, on accepte !

On se balade au bord de la Loire. On comprend vite que la Loire est fascinante pour ses habitants, ils nous répètent que c’est un des seuls fleuves sauvages de France et d’Europe, et c’est vrai qu’elle est belle la Loire avec ses bancs de sable et ses arbres les pieds dans l’eau. Après la balade, Francis nous emmène chez lui à Rochecorbon. Il habite avec sa femme Christelle une toute mignonne maison troglodyte. Troglodyte, c’est-à-dire qu’elle est adossée à la roche et même qu’une partie, la cave et la chambre, est taillée dans la roche. Au moins, il fait frais ! On se sent très vite à l’aise chez lui. Il nous invite à déguster du vin de la Loire (il a une cave bien fournie !), à manger, et on passe une super soirée avec lui et Christelle. Ils font tous les deux de la musique, lui en tant que musicien et prof de musique cubaine, elle en tant que formatrice sur la voix. Elle enseigne à des futurs éducs-spé à contrôler leur voix et avoir un meilleur rapport à leur corps.

Tous deux aiment profondément les gens, la fête et la chaleur. Ils essaient de créer des moments de rapprochement, de convivialité, pour donner une identité à leur village. Ils organisent des fêtes en tous genres, des concerts, pour créer du lien entre les gens. Ça paraît tellement naturel pour eux. On parle de l’échange, du stop, des rencontres, du fait que les français sont plus accueillants qu’on ne le pense mais que les médias ne le véhiculent pas assez. On discute jusque tard, Aleksi est pompette, peut-être que moi aussi, ivres de leur hospitalité.  On divague sur cette terrasse d’un beau village, avec des belles personnes, simplicité et chaleur.

 

Rochecorbon-Fontaine Guérin

 

Le lendemain, on part en les embrassant; ils ont été à la fois nos parents et nos potes d’un soir.

Après une petite balade dans Tours, nous voilà pris en stop par Ronan, qui travaille à la centrale nucléaire de Chinon. Alors qu’il doit nous emmener pour deux kilomètres, il finit par nous inviter à prendre le café chez lui et à nous faire visiter la région… Il est guide dans l’âme, il a vraiment à cœur de nous montrer la Loire et les vignes. Après un café aux gâteaux bretons chez lui, on part donc visiter sa cave à vin remplie de 800 bouteilles, tout au fond d’un immense couloir (un kilomètre) taillé dans la roche troglodyte. Il nous en offre une de Saint Nicolas de Bourgueil pour fêter ça, puis nous emmène de point de vue en point de vue sur les hauteurs de la Loire, jusqu’à Saumur. On est super contents de l’avoir rencontré, on trouve les Tourains particulièrement hospitaliers et amoureux de leur région.

On réalise qu’à cette étape, tous les conducteurs qui se sont arrêtés pour nous prendre quelques kilomètres sont finalement restés avec nous beaucoup plus longtemps – ou est-ce nous qui sommes restés avec eux ? En tous cas, c’est une étape de belles rencontres, où on a pris le temps d’échanger, de parler de notre projet, de nous, mais aussi d’écouter les vies des autres. J’ai dans ma tête des récits de vie, des descriptions de métiers, des voyages, des histoires de famille… on est comme des réceptacles à histoires, on ne peut pas tout retenir mais des ambiances, des anecdotes, des parcours de vie restent quelque part ; et c’est un peu comme si on les avait vécus nous-mêmes.

 

Etape 2

Fontaine-Guérin

Près d’Angers se situe une petite commune d’un millier d’habitants où il fait bon lever le pouce. Après une étape de retrouvailles dans les châteaux de la Loire, ponctuée de camping sauvage au bord de l’eau et descente en canoë, nous posons nos sacs les uns après les autres dans le camping encore presque désert de Fontaine-Guérin, où nous accueille généreusement la mairie. Sous un soleil resplendissant, la troupe produit son spectacle en plein air pour la première fois avec un enthousiasme loin d’être feint, avant de proposer divers ateliers aux enfants du public. Mais l’expérience de Fontaine-Guérin ne s’arrête pas là. Jocelyne Rubeillon, notre contact à la mairie, nous a organisé un véritable tour : visites privées de la ferme de vaches laitières de Dominique Vincent et du clocher tors de l’église locale, ainsi qu’une initiation à la boule de fort, lointaine cousine de la pétanque particulièrement prisée dans les environs.

Le témoignage de Jeanne : Cette journée était ouf ! Bon, au réveil je me suis rendue compte que la pluie avait trempé mon linge, le ciel était maussade, ça commençait mal mais le vent à vite tourné. Dès midi, il a commencé à faire très beau et très chaud, on a allait avoir de la chance pour la  représentation. A 9h30, Jocelyne, l’adjointe au maire, est venue nous chercher au camping pour nous faire une petite visite guidée du bourg : le lavoir, l’église, la salle où on jouait à la boule de fort, le QG du Nouveau Théâtre Populaire… Puis elle nous a conduits dans notre salle de répétition et nous a laissés nous approprier les lieux. Après un déjeuner riche en pâtes, on a mis la main…à la pâte justement ! Il fallait qu’on installe notre décor, qu’on aménage notre plateau, et qu’on fasse un grand filage, c’était la toute première fois qu’on représentait notre spectacle après tout ! Vers 16h15 notre public était au complet, une vingtaine de personnes, de tout âge, c’était très satisfaisant pour une première. Tout s’est bien passé, et je crois que le public comme Jocelyne avaient apprécié, et c’est bien ça le principal. On a prolongé le moment en proposant des petits ateliers pour les enfants, le contact passait bien. Mais pas le temps de s’attarder davantage parce qu’à 18h, un conseiller municipal nous attendait pour nous transporter tous les 13 jusqu’à son exploitation laitière… dans une bétaillère. On était tous fous, on grimpait sur les barres de cette grosse remorque, on se marrait, c’était tellement inédit ! Là-bas, on a pu visiter l’exploitation - propriétaire de Fusionne, la gagnante du salon de l’agriculture 2013 ! -, observer la traite des vaches, et prendre un petit apéritif tous ensemble, dans une ambiance très conviviale. Le petit Maxime, futur jardinier, nous a offert deux belles salades pour le lendemain et ses parents nous ont fait goûter le rosé mirabelle ainsi qu’un excellent jus de pommes local. Ces moments étaient très agréables parce qu’on sentait qu’il y avait un vrai partage, un lien qui se créait. C’était gratifiant de voir à quel point la municipalité et les habitants avait été réceptifs quant à notre projet…

 

 

Kerstin

Crozon - Douarnenez

 

Sur une soixantaine de voitures empruntées, on se doute bien que c'est difficile de sélectionner le ou la conducteur.trice le ou la plus impressionnant.e (PE, tu es partout).

Mais je me souviendrai particulièrement du trajet entre Crozon et Brest, avec une comédienne qui revenait d'une représentation de son spectacle de marionnettes pour enfants. L'histoire de notre spectacle de tour du monde en Autostop l'avait fait penser au compte qu'elle venait de raconter aux enfants; le tour du monde d'une petite fille, une sorte de voyage initiatique.

La conversation a enchaîné sur les comptes pour enfants dont elle nous dit qu'ils étaient, à l'origine, bien plus que ce qu'ils sont aujourd'hui. Aujourd'hui, c'est le méchant, peau foncée et yeux rouges, et le gentil, blond aux yeux bleus (la subtile connotation raciste est souvent proche).

Elle nous raconte que les comptes des frères Grimm n'ont pas du tout été inventés par eux. Ce sont des comptes populaires qu'ils ont mis sur papier en voyant ce partimoine culturel disparaître au début de la révolution industrielle. Ils ont donc mélangé plusieurs des récits qu'ils avaient collecté, pour les réunir dans les versions originales des comptes que nous connaissons aujourd'hui.

Ces comptes, à l'époque, n'était pas destinés qu'aux enfants. Ils avaient une fonction sociale bien particulière puisqu'ils représentaient des personnages complexes, tourmentés, qui font face à des épreuves que beaucoup d'entre nous rencontrent.

Beaucoup de ces comptes relatent les voyages initiatiques de jeunes enfants qui, en passant certaines épreuves, atteignent l'âge adulte. C'est par exemple le cas de la version originale du petit chaperon rouge. L'idée, au départ, n'est pas du tout qu'elle ou sa grand-mère se font simplement dévorer par un loup. La forêt représente un voyage initiatique pour la jeune fille, qui se forme à surmonter les épreuves de la vie. Lorsqu'elle rencontre le loup, qui est là pour la tester et non pour la dévorer, elle est prête à affronter les épreuves qu'il lui fera passer.

Elle nous parle d'un livre, « le héros aux 1000 visages », qui analyse tous ces héros de comptes et de mythes et qui en arrive à la conclusion que tous ces héros sont un, « car l'Homme est un », nous dit-elle.

Elle nous explique ensuite comment en tant que comédien.ne, c'est une expérience profondément humaniste de se projeter dans un personnage différent de soi. Jouer Hitler, jouer un nazi qui a suivi Hitler, c'est essayer de comprendre comment ces choses ont pu se produire, ce qui s'est passé dans l'esprit de ces gens au moment où l'histoire s'écrivait. En chacun de nous, nous dit-elle, il y a un Hitler.

 

Cette conversation m'a marquée car elle a touché de plus près que beaucoup d'autres des questions que j'ai pu me poser pendant ce voyage. Des trucs un peu philosophiques, parfois... Un voyage en stop, c'est tellement de rencontres, d'histoires, de caractères différents auxquels on s'adapte automatiquement dès le moment où l'on monte dans la voiture, que l'on finit par se poser quelques questions sur ce qui se passe dans la tête de ces gens qui s'arrêtent pour nous prendre. Ça aboutit à des questionnements un peu sur l'humanité, un peu sur la bonté qui est en l'Homme. C'est un peu une introduction à la psychologie, en fait …

Jeanne

Au cours de notre vadrouille vers Plouarzel, nous avons planté les sardines à Saint-Malo. Samedi 6 juin, 10h00 : alors que Zoé, Lucas, Laëtitia, Aleksi et Clémence s’en vont profiter de la piscine du camping avant de repartir, Lou et moi nous laissons nos sacs à dos et partons pour le Mont Saint Michel. On a commencé par se tromper de route pour rejoindre notre spot, mais finalement, en 4 voitures nous sommes arrivées à notre objectif. On n’a sûrement pas pris la route la plus rapide, mais celle qui passait par la côte était bien plus jolie, la Manche était superbe et l’on pouvait voir la silhouette du Mont Saint Michel, toute petite au loin. Y a pas à dire, ça fait tout drôle de se trouver nez à nez avec ce petit bijou d’architecture qu’on a vu tant de fois en photo, sur des cartes postales, ou à la télé. En vrai, ce n’est pas pareil, c’est même très impressionnant. Il était splendide, et à l’intérieur de l’enceinte on se serait crues dans un décor de cinéma. Des petites rues étroites et pavées, des pentes raides, des escaliers en pierre, des artères minuscules et sinueuses dans lesquelles on ne tient pas à deux, des passages et raccourcis qui se multiplient… et ces colombages, ces bâtisses colorées qui se resserrent au-dessus de nos têtes, ces espaces ou la pierre flirtent avec la verdure ! On a suivi la montée qui nous menait jusqu’à l’abbaye du Mont pour la visiter. C’était un édifice saisissant qui avait une histoire passionnante. Quand je suis entrée dans le cloître, magnifique avec ses croisées d’ogives, son parterre de fleurs et sa verdure baignée de soleil, j’ai cru à un petit coin de paradis. Décidément c’était une belle journée pour en profiter. Reparties à 16h00, on a regagné Saint-Malo environ 2 heures plus tard. Sur le chemin, nous avons croisé un drôle de duo, deux copains, un comptable très loquace qui conduisait son van pieds nus et un cuisinier baroudeur qui vivait dans son propre camion. Ils partaient faire la fête dans un spot tranquille, en pleine nature, au-dessus des falaises. On a beaucoup parlé et bien ri avec ces deux là ! Ils nous ont déposées à quelques kilomètres de Saint-Malo, sur la côte, pour nous faire découvrir un petit sentier qui menait jusqu’à une crique. Curieuses, nous l’avons suivi et nous sommes grimpées sur les rochers des falaises pour contempler la mer. La vue était imprenable. Avec le vent dans les cheveux, le soleil sur les joues et une beauté pareil devant les yeux, on était les reines du monde ! Ok, on n’avait pas de quoi prendre une seule photo, mais les images en sont d’autant mieux gravées dans nos têtes.

 

Etape 3

Plouarzel

Après une longue étape d’aventures bretonnes du Mont Saint-Michel à Douarnenez, nous rejoignons la dynamique petite ville de Plouarzel - Saint Arzel, en breton - où le maire et l’équipe municipale nous réserve un accueil somptueux, et réalise le rêve d’un bon nombre d’entre nous en offrant une tournée de pizzas qui rattrape des jours et des jours de taboulé. L’équipe investit la Maison de l’Enfance le lendemain afin de proposer une après-midi de jeux et d’ateliers avec les enfants. Après avoir navigué entre tours de magie, chansons, sculptures de ballons, création de porte-monnaie en brique de lait et maquillage, les petits assistent à une représentation de Sur la Route. Après cette journée d’échange, la mairie, aux petits soins, nous organise une visite du phare de Trézien et du point de plus à l’Ouest de France. A l’heure de quitter la commune, quelques uns d’entre nous rendent visite au plus grand menhir encore debout, fierté de Plouarzel, pour reprendre la route sous les meilleures augures.

 

 

Pierre-Elie

Plouarzel - Locmariaquer

 

Ce matin, nous quittons Plouarzel et son accueil chaleureux, car demain après-midi nous avons rendez-vous à Kervignac près de Lorient. Juliette, Zoé et moi formons un trinôme. Nous marcherons jusqu'à la zone commerciale de Plouarzel pour qu'enfin une voiture s'arrête. Louis-Julien est au téléphone lorsqu'il nous prend, mais une fois le coup de fil terminé, il s'avère être bavard et heureux de partager ses expériences de voyage, notamment son périple au Canada. Comme beaucoup d'autres nous le répéteront, les Breton.ne.s voyagent et sont partout dans le monde ! Travaillant dans la coopération intercommunale par les outils collaboratifs (fan d'Open Street Map!), il passe récupérer sa collègue à Brest et nous dépose ensuite à Châteaulin car nous souhaitons passer par l’intérieur des terres et plus précisément les monts d'Arrée, massif montagneux faisant partie du parc naturel régional d’Armorique. Nous stoppons à un grand rond-point, Edern s'arrête 10 minutes plus tard et nous emmène à Pleyben, où nous achetons de quoi manger, puis chez lui, pour que nous puissions poser les sacs et grimper au mont Saint-Michel (de Brasparts), un des plus hauts sommets de Bretagne (380m). Nous profitons de la vue sur l'ensemble des monts d'Arrée puis redescendons. La pluie nous rattrape, le sentier, lui, nous échappe. Nous alternons k-way, stop et marche, visitons jusqu'aux plus petits hameaux (dont le fameux Lost ar Hoat qui porte bien son nom) sans vraiment le vouloir, puis continuons sur la route jusqu'à ce qu'un gentil monsieur nous récupère trempé.e.s jusqu'à la moelle et nous raccompagne chez Edern ! Ce sera pour moi la seule grosse averse du TDF, mais sur le moment, on n'arrive pas à relativiser autant ! Edern et son amie Faustine nous offre le thé, histoire de se réchauffer, et de passer un moment avec eux, revenu.e.s il y a un an d'un voyage en stop au Chili. Ils nous proposent de les accompagner à un marché fermier. Mais le second objectif de la journée (Carnac) est encore à 2h de route au moins, nous repartons donc nous poster au bord de la départementale. La première voiture qui passe s'arrête (vive la Bretagne), et nous voilà en route vers Huelgoat. Notre conducteur est pisciculteur, il n'est plus à son compte, mais dispose d'un terrain de 3 hectares avec une rivière en son sein et un chaos granitique qui en impose. Il nous offre une bière le temps que la pluie se calme, Le temps de nous expliquer les projets qu'il a avec sa compagne et notamment celui de devenir autonomes sur le plan alimentaire et énergétique d'ici 2 à 3ans. Malheureusement, nous devons repartir, il pleut toujours dehors, nous commençons à être fatigué.e.s d'être trempé.e.s, mais il est tôt, et le camping de Huelgoat n'est pas une option pour nous ! Sous la pluie, le stop reprend. La fameuse route Roscoff-Lorient est déserte dans notre sens... Avant que l'on voit apparaître un convoi exceptionnel transportant un énorme tuyau avec un coude. Pour nous, pauvres peti.te.s autostoppeurs/-euses, l'important ne se trouve pas dans la nature de l'objet transporté mais bien dans la longueur de la file de voitures qui s'étend derrière lui ! Sur le total, il y en a bien une qui va s'arrêter ! Eh oui, une camionnette se range sur le bas côté. Jovial et très direct, le conducteur rentre du travail, il est artisan. Dehors il pleut, nous lui expliquons notre voyage, et commençons à parler d'hébergement. Il nous propose son hangar comme abri pour la nuit. Nous acceptons, mais arrivé.e.s chez lui, les filles me font comprendre que nous ne pouvons pas rester là. Il est tôt, le lieu n'est pas le plus hospitalier (pourtant la paille ça tient chaud !) et surtout, nous n'avons pas à manger pour le soir. Nous choisissons de repartir, et de lui laisser un mot car ses chiens ne nous permettront pas d’accéder à la porte de sa maison... Un type nous emmène ensuite à Carhaix, fraîchement baptisé en ULM, il nous propulse dans notre course vers le Sud (de la Bretagne) ! Nous nous ravitaillons donc à Carhaix, achetant même une pizza à réchauffer, symbolisant l'espoir de trouver l'hébergement idéal le soir venu ! Marie-Aimée et sa Maman nous transportent ensuite jusqu'à Le Faouët. Puis dans la montée d'une route à 90km/h, Thierry s'arrête et nous nous entassons à l'intérieur de la voiture. Nous expliquons notre projet, et notre recherche d'un coin tranquille ou d'un hébergement pour la nuit. Il nous propose rapidement la pelouse de la résidence secondaire de ses parents où il va dormir ce soir, à Locmariaquer. Nous n'hésitons pas beaucoup avant d'accepter, c'était la voiture et la personne qu'il nous fallait ! En plus il fera un détour pour nous montrer Carnac et La Trinité-s-Mer avant d'arriver. Thierry est technico-commercial, cela signifie beaucoup de kilomètres avalés, et peu d'échanges autres qu'avec les clients. Il discute donc volontiers avec nous, nous échangeons sur de nombreux sujets et partageons le repas (dont la pizza!) dans une grande maison. Finalement, nous aurons notre chambre et douche personnelles, quel luxe !

 

 

Locmariaquer - Kervignac

 

L'efficacité de notre trinôme n'est plus à démontrer. Ce vendredi matin, à défaut d'aller à Carnac, nous prenons le temps de visiter le musée des mégalithes (= grosses pierres) de Locmariaquer où l'on retrouve sur un même site un dolmen (la « Table des marchands »), un grand menhir (= pierre longue) brisé et un tumulus (gigantesque tombe avec mégalithes pour mégalos) qui servit notamment de parking dans les années 70 avant d'être restauré deux décennies plus tard. Nous reprenons notre activité favorite, à savoir rester debout au bord de la route le pouce levé. Un monsieur nous embarque vers Crac’h et nous avance finalement 5 kilomètres plus loin afin de nous placer directement sur la route allant vers Kervignac ! On venait de lui dire que pour nous, les Breton.ne.s méritaient la médaille de l’amabilité envers les autostoppeurs/-euses… Coïncidence ? Ici, pas le temps d’écrire deux lettres sur la pancarte, qu’une voiture s’arrête, et on avance vers Belz, encore avec un homme seul. Et voilà, nous sommes déjà à moins de 15km de Kervignac, alors elle est pas Belz la vie ?... Au bout de la ville, nous trouvons une dernière voiture. « Dernière » car le conducteur souhaite nous conduire jusqu’à notre étape du jour !  Je tiens la tarte aux fraises dédiée à l’anniversaire de son fils, mais n’ai quand même pas le droit d’y goûter. Hop, le trinôme magique arrive en premier à Kervignac, c’est parti pour deux jours et demi de « Pieds dans la vase ».

 

 

Etape 4

Kervignac

La ville de Kervignac, près de Lorient, accueille chaque année depuis 9 ans le festival musical gratuit et éco-responsable Les Pieds dans la Vase. Après une étape pluvieuse, nous arrivons pour joindre nos pouces aux pieds de l’équipe, en tant que bénévoles et animateurs. Un pinceau, une visseuse ou des fils électriques dans les mains, nos forces se joignent aux fourmis du festival pour que tout soit prêt à temps. Assiettes et couverts bio-dégradables, tri sélectif et éco-cups, ce n’est pas parce que les concerts battent leur plein qu’on oublie la planète. Le deuxième jour du festival, le groupe du Tour de France change de casquette et passe des coulisses à la scène, pour, après une après-midi d’activités pour les enfants, présenter le spectacle sur scène.

 

 

Juliette

Kervignac - Ruoms

 

Il est 20h50. Aleksi et moi-même levons désespérément notre pouce au bord d’une nationale rectiligne en direction de Le-Puy-en-Velay. Plantons la situation : une jolie maisonnette toute prête à nous héberger dans la soirée nous attend à Montélimar. Mais Montélimar, c’est à 4h de route. Autant dire qu’avec regret, je me vois déjà en train de planter la tente sous une pluie  battante dans une forêt à 3h30 de Montélimar. Mais Aleksi ne perd pas espoir : « C’est le karma, bientôt, la chance va tourner ! ». Et la chance tourna : moins de cinq minutes après, une jolie et grande voiture noire s’arrête.

«  Vous allez où ?

- Vers Le-Puy !

- Pas de problème.

- Enfait on va même à Montélimar..

- Ça tombe bien ! Moi aussi ! ». Comment décrire l’explosion de joie et de gratitude dont nous affublons notre hôte ? Oubliées, toutes les galères et les désespoirs des secondes passées, nous voilà confortablement installés dans la voiture d’Hervé, qui fonce à 130 Km/h pieds nus sur une petite départementale en nous parlant du camping paléolithique qu’il voudrait ouvrir un jour, de Mad Max, et du fait qu’on serait tous bien plus heureux si on devenait sincèrement solidaires. Nous voici à Montélimar avec une heure d’avance sur ce que mon pauvre IPhone qui ne connaît pas la conduite supersonique d’Hervé avait pu prédire. On a même pris le temps de passer par les Gorges du Tarn (qui de nuit laissent le côté joli rocher printanier pour devenir grandes montagnes sombres et inquiétantes), et de s’arrêter en bord de route pour qu’Hervé nous offre des lavandes, tendrement arrachées au jardin d’une maison pavillonnaire.

Montélimar donc, arrivés à la maisonnette, les mains pleines de lavandes et le cœur regonflé à bloc. Ce soir, matelas et oreiller pour reposer nos petits corps tout éprouvés.

 

 

Zoé

Rodez - Ruoms

 

Réveil tranquille au camping de Rodez avec un petit déjeuner offert par Saïd, l’adorable gérant. Puis c’est le retour sur les routes, nous en sommes à notre dernière étape et nous devons être à Ruoms à 17h30. Heureusement, le karma est avec nous aujourd’hui et nous n’attendons jamais une voiture plus de 10 minutes. Le voyage commence en fanfare avec une institutrice d’une trentaine d’années qui nous fait faire 30 kilomètres. On a parlé de son métier pendant tout le trajet et c’était passionnant ! Elle a d’abord travaillé 4 ans à Clichy-sous-Bois (elle a adoré, les enfants étaient motivés et les parents soutenaient les enseignants à la maison même s’ils ne pouvaient pas toujours aider leurs enfants dans leurs devoirs) puis 2 ans dans une classe unique dans un village (ça manquait de mixité sociale et c’était fatiguant mais c’était aussi très enrichissant d’avoir des enfants de tous les âges en même temps) et maintenant elle est à Baraqueville dans la périphérie de Rodez (elle s’y plait moins parce que les parents ont tendance à remettre les décisions des enseignants en cause). Elle nous a aussi parlé de ses études, de ses techniques d’enseignement et de l’évolution de son métier, nous étions ravies. Quelques minutes après qu’elle nous ait laissées, c’est Christophe, un chauffeur routier de 50 ans qui s’est arrêté pour nous prendre. Il a tranquillement garé son camion remorque de 20 mètres de long sur le trottoir et il nous a fait monter. Coup de chance, il allait quasiment au même endroit que nous ! On a donc passé la journée avec lui, de 11h à 18h, en le suivant dans sa tournée. Il devait livrer des matelas à Saint Chély d’Apcher, à Mende et à Langogne. A chaque fois, c’est le même rituel : il se gare devant un entrepôt dans la zone industrielle de la ville et le personnel du magasin vient l’aider à décharger le nombre de matelas nécessaires. Ensuite, s’il y a des vieux appareils électroménagers qui trainent à côté de l’entrepôt, il récupère tous les fils électriques pour pouvoir ensuite les revendre. Grâce à ce commerce, il gagne plusieurs milliers d’euros par an. Ce pactole lui permet de financer la décoration de son camion. En fait, nous avons découvert grâce à Christophe le monde secret des routiers. Au programme, courses de camions et concours de décoration qui rassemblent des routiers venus de toute l’Europe pendant des week-ends de fête et de partage. Il nous a également donné plein d’explications sur la meilleure manière de conduire un camion sur une route qui descend à 10%. En effet, notre trajet impliquait de passer par la route Langogne - Aubenas, aussi belle qu’inquiétante, qui marque l’entrée en Ardèche. Le paysage était absolument splendide. Nous étions assez tristes de le quitter quand nous sommes arrivées parce que malgré tout, passer 7 heures avec quelqu’un ce n’est pas rien ! J’étais rarement restée aussi longtemps avec un conducteur et c’était vraiment une super expérience. Nous sommes finalement arrivées à destination deux voitures et 30 kilomètres plus loin, après une journée riche en découvertes et en émotions.

 

 

Etape 5

Ruoms

En arrivant d’une étape intense de 1000 km en deux jours et demi, nous découvrons à Ruoms un évènement d’une ampleur nouvelle : une programmation de folie - FAUVE, Les Wampas, Asaf Avidan, etc. -, soutenue par une organisation sans failles à grande échelle. Des centaines de bénévoles d’ici et d’ailleurs s’affairent entre la scène, les stands, les navettes et autres points stratégiques du festival. L’équipe est assignée aux navettes avec Serge, et passe ses soirées entre concerts et rencontres. Avec la dernière étape viennent les premiers au revoirs, tandis que la moitié du groupe continue à explorer le Sud de la France.

 

Anchor 1
Anchor 2
Anchor 3
Anchor 4
Anchor 6
bottom of page